Une tribune d'expression populaire a récemment eu lieu à Kinshasa, marquant une étape cruciale dans le renforcement du dialogue entre les pouvoirs publics et la société civile congolaise. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet "Participation Citoyenne de la Société Civile dans la Gestion du Bien Commun (PARC-RDC)", soutenu par la délégation de l'Union Européenne et déployé dans sept provinces du pays : Kinshasa, l'Équateur, le Kasaï, le Kasaï-Central, le Kongo-Central, le Kwango et le Kwilu.
Le jeudi 26 juin 2025, le Centre Catholique LINDONGE a accueilli cette tribune d'expression populaire, organisée par les organisations de la société civile de Kinshasa, en collaboration avec l'Église Anglicane du Congo et l'Ordre des Techniciens d'Assainissement (OTAS). L'objectif était clair et multiple :
Une expertise inattendue pour une problématique cruciale
C'est dans ce contexte que l'École de Criminologie de l'Université de Kinshasa a apporté une contribution inattendue mais essentielle, par l'intervention du Doctorant Olivier Mazianda Lusambo. Invité en tant que facilitateur, son expertise éclairée et incontestable dans le secteur de l'assainissement en RDC, en Afrique centrale et dans le monde francophone, a été déterminante.
Prenant la parole, Me. Olivier Mazianda Lusambo a invité les participants à une profonde réflexion sur l'Article 53 de la Constitution de la RDC. Cet article, a-t-il souligné, établit une vision audacieuse du pays sur la gouvernance participative du secteur de l'assainissement, le consacrant comme un "droit fondamental" et inaliénable, même en période de récession financière, de guerre, d'état de siège ou d'urgence.
Il a ensuite détaillé la "philosophie tridimensionnelle" de cet Article 53 :
Il fut étonnant de constater que la plupart des participants, y compris des acteurs de la société civile et des autorités locales, ignoraient cette disposition constitutionnelle pourtant essentielle, alors même qu'ils militent pour le respect et l'application de la Constitution dans le pays.
Kinshasa, mégalopole en péril et l'urgence de l'action
Il est crucial de rappeler que Kinshasa, mégalopole de plus de 20 millions d'habitants, est confrontée à une crise majeure de gestion des déchets. La ville génère environ 12 000 tonnes de déchets par jour, mais seulement 10 à 15% sont collectés et traités de manière appropriée, plongeant la capitale dans une insalubrité chronique.
Cette crise environnementale exige la mise en place urgente d'une gouvernance participative. Le Doctorant Olivier Mazianda Lusambo a ainsi appelé les organisations de la société civile à assumer pleinement leurs rôles de contrôle citoyen et de groupe de pression dans un système démocratique. Parallèlement, il a exhorté les gouvernants au respect du contrat social de bonne gouvernance et de redevabilité. Il a conclu son intervention en soulignant que les responsabilités de cette crise sont partagées et a appelé à une prise de conscience collective et à une synergie des acteurs pour redorer l'image des villes congolaises face au défi de la gestion des déchets.
L'activité s'est clôturée par l'élaboration d'un cahier des charges détaillé par les organisations de la société civile, destiné aux autorités de la ville de Kinshasa.
Pour rappel, cette tribune n'est qu'un point de départ. Pour que le droit à un environnement sain ne reste pas une clause morte de notre Constitution, il incombe désormais à chaque Kinois, aux décideurs et à la société civile de transformer ces engagements en actions concrètes. C'est à ce prix que l'expertise de l'École de Criminologie, au-delà des discours, prouvera son impact réel sur le bien-être de la communauté, faisant de la gestion des déchets un pilier de la dignité et du développement en RDC.
JN