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Face à l’insécurité, l'expertise de l’école de criminologie sollicitée par l’université de Kinshasa

Joel NZAMPUNGUFri Aug 01 2025

Face à l’insécurité, l'expertise de l’école de criminologie sollicitée par l’université de Kinshasa

Le 29 juillet 2025, l'Université de Kinshasa (UNIKIN) a accueilli une conférence majeure sur la sécurité et la criminologie. L'événement, inauguré par le Secrétaire Général Académique au nom du Recteur, est une réponse directe à la recrudescence des braquages qui menacent la sérénité du campus. Cette conférence, organisée par l'École de Criminologie, a réuni des experts pour élaborer une stratégie préventive, loin de la simple répression post-factum.

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L’argumentaire de la conférence a souligné l'urgence d'adopter une approche criminologique novatrice. L'objectif est de dresser un état des lieux précis des incidents, d'évaluer la capacité de réponse actuelle et de définir une stratégie multisectorielle. La criminologie, en tant que discipline empirique des sciences humaines, est mobilisée pour co-construire une sécurité collective et acceptée par toute la communauté universitaire.

blog-imagePrenant la parole en premier, le Professeur Raoul KIENGE-KIENGE, Directeur de l'École de Criminologie, a clarifié la mission de son école : devenir un pôle d'excellence en RDC et participer à l'émancipation des droits fondamentaux. Il a distingué la criminologie des idées fausses, la définissant comme une approche proactive, participative et émancipatrice de la sécurité. Selon lui, la gouvernance publique est avant tout une gouvernance sécuritaire.

blog-imageLes panels thématiques ont mis en lumière les défis et les solutions. Le Commandant Samuel Kay Kay a dressé un bilan alarmant des attaques armées, tout en notant que les solutions concrètes peinent à se matérialiser. Il a proposé de renforcer les patrouilles, d'équiper la police et d'installer des caméras de surveillance aux entrées de l'université. Le Commandant Akim NABAYA a, quant à lui, dressé un bilan de la gouvernance sécuritaire actuelle, pointant les défis majeurs : un équipement insuffisant, la démographie du campus et la faible rémunération des agents.

Le Professeur Guy Kalasi a élargi le débat en abordant la sécurité sous l'angle environnemental, rappelant que la pollution, les nuisances sonores et les déchets constituent aussi des menaces graves.

blog-imageDe son côté, le Professeur Charles Odiko a mis en évidence la difficulté d'identifier et de contrôler la population universitaire en raison de la politisation du campus et de l'augmentation des activités commerciales. Le Professeur Jean KIGOTSI KASEREKA, administrateur du budget, a proposé des solutions concrètes pour mieux contrôler les activités commerciales, notamment la numérisation des fiches d'exploitation et la réorganisation des marchés.

Le Dr. Joël NZAMPUNGU a présenté la prévention technologique comme une solution efficace, plaidant pour une vidéosurveillance dissuasive et intelligente. Il a détaillé comment l'intelligence artificielle peut transformer la sécurité du campus en détectant les intrusions et en alertant les forces de l'ordre en temps réel.

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Le Professeur Jean-René Mabwilo a, pour sa part, insisté sur la nécessité de renforcer les capacités de la Police Universitaire. Il a proposé un programme de formation technique et opérationnelle et une collaboration plus fluide avec la Police Nationale Congolaise (PNC).

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La session de questions-réponses a permis de riches échanges. Les intervenants ont apporté des clarifications sur des sujets variés, de l'éthique en criminologie aux questions de gestion des contrats commerciaux, en passant par le standard de comportement des agents et la gestion des déchets toxiques.

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Cette conférence marque une étape décisive pour l'UNIKIN. En mobilisant l'expertise de ses professeurs et des acteurs de terrain, elle trace une voie claire vers une sécurité durable. L'heure n'est plus à la simple observation, mais à l'action concertée pour faire du campus un lieu d'apprentissage et d'épanouissement, où la sécurité n'est pas une contrainte, mais un droit co-construit par et pour tous ses membres.