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Stage au Tchad : un apprenant de l’Ecole de Criminologie de l'UNIKIN plonge au cœur de la "malédiction du pétrole"

Joel NZAMPUNGUTue Jul 22 2025

Stage au Tchad : un apprenant de l’Ecole de Criminologie de l'UNIKIN plonge au cœur de la "malédiction du pétrole"

Claude Noumedem, apprenant en Master II Criminologie Économique et Environnementale à l'École de Criminologie de l'Université de Kinshasa (UNIKIN), a récemment achevé un stage immersif au Tchad, offrant un éclairage unique sur les défis socio-économiques et environnementaux liés à l'exploitation pétrolière dans ce pays d'Afrique centrale. Son rapport de stage, réalisé du 3 décembre 2024 au 12 février 2025, met en lumière la "malédiction du pétrole" qui semble frapper le Tchad, malgré ses vastes ressources.

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Le stage de M. Noumedem s'est déroulé au sein du Comité Provincial de Gestion des 5% des Revenus Pétroliers affectés à la province du Logone Oriental (CGRP), une structure publique créée en 2004 pour gérer une partie des revenus pétroliers et améliorer les conditions de vie des populations locales. Ce choix n'était pas fortuit : le Tchad, exploitant le pétrole depuis 2003, demeure l'un des pays les plus pauvres de la planète, avec 44,8% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté en 2022.

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Une immersion au cœur des réalités locales

Au-delà des aspects académiques, le stage de Claude Noumedem a été une véritable plongée dans les réalités des communautés tchadiennes. Il a dû s'adapter aux coutumes locales, surmonter les barrières linguistiques en recrutant des traducteurs occasionnels, et gagner la confiance des populations souvent méfiantes envers les "étrangers" associés aux compagnies pétrolières ou à l'État. S'habiller et partager les repas comme les habitants, et participer à leurs événements socioculturels, ont été des étapes clés pour établir un climat de confiance.

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Le rapport souligne plusieurs apprentissages majeurs pour cet apprenant, notamment l'importance cruciale d'intégrer le facteur culturel dans la collecte d'informations. Il a appris à naviguer les sensibilités liées aux tribus et religions, ainsi qu'à conduire des entretiens adaptés aux différentes catégories de personnes, notamment les femmes musulmanes qui ne peuvent avoir d'entretien seul à seul avec un homme étranger.

La perception de l'État et des compagnies pétrolières : un cri de désespoir

L'une des leçons les plus poignantes tirées de ce stage est la perception profondément négative que les communautés ont de l'État et des sociétés d'exploitation pétrolières. Pour de nombreux villageois, l'exploitation du pétrole a apporté plus de pertes que de bénéfices : décès d'enfants, animaux perdus, champs arrachés, restrictions de liberté. Ils déplorent l'absence d'infrastructures de base (eau, électricité, routes, écoles, hôpitaux) et estiment avoir été "trompés" et dépossédés de leurs richesses sans partage équitable.

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Le gouvernement est perçu comme complice des compagnies pétrolières, protégeant leurs actions et restant silencieux face aux abus, allant même jusqu'à martyriser les populations qui protestent. Cette méfiance généralisée rend difficile le travail des chercheurs, souvent assimilés à des agents de l'État ou des multinationales.

Des conflits intercommunautaires aux racines profondes

Le rapport met également en lumière la récurrence des conflits intercommunautaires, notamment entre cultivateurs et éleveurs, exacerbés par la réduction des espaces cultivables due aux champs pétrolifères et aux litiges fonciers avec les populations déplacées. Ces conflits, qui ont déjà fait plus de 370 morts et 400 blessés en ce début d'année 2025, sont souvent saisonniers et amplifiés par l'armement des bergers par des "pontes du régime".

Claude Noumedem a appris que le désarmement des bergers est plus efficace en impliquant leurs patrons plutôt que l'État, et que l'encouragement des mariages intercommunautaires peut contribuer à apaiser les tensions. La mauvaise gouvernance et la nomination de sous-préfets sans formation ni expérience en gestion humaine sont également identifiées comme des facteurs aggravants.

Capitalisation des apprentissages pour la recherche criminologique

Le rapport de M. Noumedem ne se contente pas de dresser un tableau des problèmes. Il détaille également les modalités de capitalisation des apprentissages pour développer la recherche et la pratique criminologique. Il a mis en place un processus rigoureux d'identification, de collecte, d'organisation, de stockage et de partage des connaissances, incluant des interviews enregistrées, des témoignages vidéo, et la numérisation de toutes les archives pour une meilleure sécurisation des données.

À la fin de son stage, Claude Noumedem a tenu un séminaire de restitution des résultats de son enquête, partageant son expérience et les connaissances acquises avec les membres du CGRP. Cette démarche vise à transformer l'action et l'expérience en connaissances partageables, essentielles pour une meilleure compréhension et une résolution durable des problèmes liés à la criminologie économique et environnementale dans ces régions.

Le travail de Claude Noumedem offre une perspective précieuse sur les défis complexes auxquels le Tchad est confronté en matière de gestion des ressources pétrolières et leurs impacts sur les populations. Son rapport constitue une base solide pour de futures recherches et actions visant à atténuer les souffrances des communautés et à promouvoir une exploitation plus juste et durable des richesses nationales.

JNZ