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TIC et formation supérieure endogène : étude de cas d'une réforme réussie à l'École de Criminologie de l'Université de Kinshasa.

Joel NZAMPUNGUWed Oct 01 2025

TIC et formation supérieure endogène : étude de cas d'une réforme réussie à l'École de Criminologie de l'Université de Kinshasa.

L'article scientifique intitulé « TIC, REFORME DES PROGRAMMES ET NOUVEAUX MODES DE FOURNITURE : UNE ETUDE DE CAS DE L’ECOLE DE CRIMINOLOGIE DE L’UNIVERSITE DE KINSHASA » n'est pas qu'un simple compte rendu académique ; il se révèle être la preuve tangible d'un leadership éclairé et d'une recherche solidement ancrée dans le terrain congolais.

Cette œuvre collaborative a été brillamment menée par le Professeur Raoul Kienge-Kienge Intudi, en sa qualité de Directeur de l’École de criminologie de l'Université de Kinshasa, et Me Patrick Pidika Kihangu, apprenant et co-auteur, dont la perspective apporte une richesse empirique inestimable. Ensemble, ils décrivent la transformation courageuse de l'enseignement supérieur en République Démocratique du Congo, qui a su surmonter l'hésitation généralisée pour aboutir à l'adoption réussie des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE).

Le leadership audacieux du Professeur Kienge-Kienge Intudi se manifeste par une liberté intellectuelle remarquable. Il a piloté la conception d'un programme de Master spécialisé qui n'est pas importé, mais adapté aux problématiques locales et spécifiques du pays, notamment en intégrant des spécialités capitales comme la criminologie économique et environnementale, la sécurité intérieure ou encore la gestion des conflits. Ce programme, parfaitement arrimé au système LMD, a trouvé dans l'utilisation des TICE un moyen non seulement pertinent, mais vital pour assurer une couverture géographique et intellectuelle étendue.

L'impératif de l'ouverture s'est concrétisé face à la contrainte imposée par la pandémie de COVID-19 en 2019. L’École a rapidement basculé vers l'enseignement à distance en utilisant la plateforme Zoom, transformant ainsi un obstacle majeur en un tremplin pour l'internationalisation et l'élargissement de son réseau académique.

Les données empiriques issues des entretiens confirment le succès retentissant de cette stratégie : l'École de criminologie de l’Université de Kinshasa mobilise désormais un réseau académique élargi, incluant des enseignants d'autres provinces congolaises telles que Lubumbashi et Goma, ainsi que des universitaires de pays africains comme le Cameroun et la République Centrafricaine, sans oublier des professeurs d'universités américaines et européennes. L'accessibilité géographique prouvée est l'avantage le plus important de ce modèle ; des apprenants suivent les cours depuis diverses villes de la RDC et même d'autres pays comme le Bénin, le Togo ou les États-Unis. Un enquêté résume parfaitement ce bénéfice en déclarant :

 « C’est d’abord l’accessibilité aux cours n’importe où, depuis le lieu de résidence ou le bureau, même en déplacement. Il suffit d’avoir une bonne connexion Internet et un ordinateur chargé ».

La contribution de Maitre Patrick Pidika Kihangu est fondamentale, car en tant que co-auteur et apprenant finaliste, il incarne la perspective irréfutable des bénéficiaires. L'étude, qui repose sur des entretiens semi-dirigés, a ainsi permis une validation des objectifs pédagogiques et la réduction des coûts pour les étudiants. L'approche interactive de l'enseignement à distance a dissipé les doutes quant à l'atteinte des objectifs, comme l'atteste un enseignant :

« En contexte de l’Ecole de criminologie... je suis convaincu que ces objectifs sont atteints, et cela se montre à travers la qualité des travaux que les apprenants rendent ».

Sur le plan socio-économique, l'impact est déterminant pour les étudiants kinois, pour qui ce modèle permet de lever des contraintes logistiques quotidiennes majeures. Un autre entretien souligne l'importance de ce bénéfice :

« Je pense aux bénéfices que ce modèle offre aux apprenants, car dans une ville comme Kinshasa, rien que le transport et les embouteillages rendent les choses difficiles. Avec ce modèle, ce genre de problème est déjà résolu pour les apprenants ».

Toutefois, l'étude se veut rigoureuse et ne masque pas les difficultés. La collaboration Kienge-Kienge/Pidika Kihangu met en lumière la dure réalité des freins empiriques liés à la fracture numérique réelle en RDC. Trois inconvénients majeurs sont identifiés. Premièrement, l'infrastructure numérique reste fragile, marquée par une connexion Internet inefficace fournie par les entreprises de télécommunications. Deuxièmement, la question de l'énergie constitue un frein critique, la faible fourniture en électricité empêchant la recharge des outils. La réalité est alarmante : « [Même] lorsque le réseau est bien fourni, le problème auquel je suis buté est lié à la fourniture de l’électricité. Ce problème amène parfois les apprenants à manquer certaines séances de cours parce que l’ordinateur est déchargé », sachant que moins de 10% de la population congolaise a accès à l'électricité. Troisièmement, la difficulté d'acquérir l'équipement, l'usage de bonne qualité et la non-maîtrise de l'outil numérique par les usagers constituent des défis quotidiens.

En conclusion, l'article, né de la synergie entre le Professeur Kienge-Kienge et Me Patrick Pidika Kihangu, est une démonstration scientifique que la liberté intellectuelle et l'engagement empirique peuvent établir un modèle d'enseignement synchrone réussi à l'Université de Kinshasa. Ce succès remarquable, obtenu en dépit d'un contexte de fracture numérique sévère, se veut un encouragement aux universitaires africains pour qu'ils conçoivent des programmes endogènes et mobilisent résolument les TICE au service de l’enseignement sur le continent.