HomeBlogs

Kinshasa : Les criminologues et apprenants en criminologies outillés par Jean Pierre Olivier de Sardan sur la rigueur du qualitatif

Joel NZAMPUNGUSun Nov 10 2024

Kinshasa : Les criminologues et apprenants en criminologies outillés par Jean Pierre Olivier de Sardan sur la rigueur du qualitatif

Un séminaire de méthodologie a été organisé ce mercredi 27 Mars 2024 à l’Institut français de Kinshasa. Ce séminaire a été animé par le professeur émérite Jean Pierre Olivier de Sardan en présence de plusieurs chercheurs tant de l’Ecole de criminologie de l’université de Kinshasa que ceux du département d’anthropologie de la même université.

Ce socio-anthropologue a commencé par rappeler aux chercheurs présents que la sociologie du questionnaire n’est pas la seule forme d’enquête. A l’en croire, l’enquête par questionnaire part d’hypothèse qu’il faille vérifier pour confirmer ou infirmer. La démarche inductive, poursuit-il, ne part pas  d’hypothèses mais des pistes à  explorer pendant le processus d’enquête.

Jean Pierre Olivier de Sardan a pu épingler 4 avantages de l’enquête socio-anthropologique :

ü  produire des informations contextualisées ;

ü  avoir les perceptions réelles des acteurs ;

ü  découvrir les écarts entre le formel et le réel ;

ü  converger toute une série de méthodes.  A ce stade, l’orateur a insisté sur le fait que le chercheur n’est pas dans une monoproduction des données. Il peut mobiliser des entretiens, l’observation, etc.

Cependant, l’orateur a pu rappeler à l’auditoire que la démarche qualitative ne donne pas de représentativité statistique.

blog-image

Ainsi, note Jean Pierre Olivier de Sardan, dans une démarche qualitative, le chercheur doit se familiariser du milieu social ou du contexte dans lequel il travaille. Le but de l’immersion, c’est la familiarité au quotidien.

S’agissant des entretiens, l’auteur invite le chercheur à éviter le fétichisme du guide d’entretien. Pour lui, il faudrait utiliser toutes les compétences pour des conversations naturelles, à l’instar de ce qui se passe lorsqu’on drague une fille ou un homme. Olivier de Sardan rappelle que la dynamique d’une discussion est chaque fois différente. L’intérêt d’un bon entretien c’est lorsqu’il renvoie aux nouvelles pistes à explorer. En lieu et place d’un guide d’entretien ou d’un questionnaire, Jean Pierre Olivier de Sardan suggère aux chercheurs d’aller sur terrain avec un petit mémo contenant certaines questions.

Une autre technique à ne pas négliger est celle de l’observation pour voir les écarts par rapport à ce qui est dit et ce qui est fait. Il y a deux types d’observations : l’observation flottante et l’observation ciblée. Dans la première, on observe attentivement tout ce qui peut se présenter devant le chercheur. Dans la deuxième, on se limite à un terrain singulier d’observation.

Concernant le processus de la recherche, Jean Pierre Olivier de Sardan a rappelé que la première étape consiste au choix du sujet. Suivie de la problématique de recherche : c’est ici que l’on voit le cadre du départ. Pour faire une bonne problématique de thèse, il faudrait préalablement faire des enquêtes de repérage et des lectures (revue de la littérature). Puis, la détermination des groupes stratégiques dans lesquels le chercheur devra travailler, tenant compte du caractère hétérogène et les diversités internes dans chaque groupe. Lorsqu’on est sur plusieurs sites à la fois, on peut consacrer un temps important au premier site, et tirer des implications aux autres.

Concernant l’étape de l’écriture, Jean Pierre Olivier de Sardan rappelle qu’il y a un dialogue à trois :

-          Dialogue avec les données ;

-          Dialogue avec la littérature existante ;

-          Dialogue avec vous-même.

Cependant, la théorisation doit se situer dans la cohérence avec les données de terrain, sans chercher à faire allégeance aux « maîtres » ou aux concepts ou théories préalablement fixés.

Après cet exposé magistral, un jeu des questions-réponses s’est ouvert avec les différents chercheurs dans la salle.

Des initiatives pareilles sont à encourager pour outiller les différents chercheurs Congolais en général et ceux de l’école de criminologie en particulier.

Joël NZAMPUNGU