La République démocratique du Congo fait face à une crise sanitaire et environnementale majeure, exacerbée par le changement climatique et l'inconscience humaine. Les villes congolaises, Kinshasa en tête, subissent de plein fouet des phénomènes pluviométriques extrêmes, entraînant inondations et érosions dévastatrices. Des milliers de personnes se retrouvent sans abri, et des centaines de vies sont fauchées chaque année.
L'assainissement est intimement lié à la résilience climatique. Des événements climatiques extrêmes compromettent gravement les systèmes d'assainissement, polluant les sources d'eau et mettant en péril la santé publique. L'absence d'infrastructures adéquates aggrave la pollution environnementale, favorisant la prolifération de maladies hydriques, la contamination de la chaîne alimentaire, la malnutrition et une mortalité infantile accrue.
L'action humaine est au cœur de ce fléau. Une mauvaise gouvernance et une gestion défaillante des déchets ont transformé les rivières urbaines en dépotoirs à ciel ouvert et les caniveaux en décharges sauvages. Face à cette situation alarmante, le gouvernement de la RDC, par l'intermédiaire du Ministère de l'Environnement et Développement Durable, a lancé officiellement le 18 juin 2025 le processus de révision de la politique nationale d'assainissement. L'objectif ? Intégrer des mécanismes de résilience climatique et répondre aux défis actuels. Ce processus crucial réunit un large éventail d'acteurs : experts du gouvernement national et provincial, partenaires au développement (Unicef, Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Jica), organisations de la société civile, universités et chercheurs.
L'École de Criminologie de l'Université de Kinshasa, reconnue pour ses recherches sur la criminalité économique et environnementale, a été honorée par le Ministère de l'Environnement et Développement Durable. C'est à Me. Olivier Mazianda Lusambo, expert-senior du Ministère et doctorant en droit de l'assainissement sous la direction du Professeur Raoul Kienge-Kienge (Directeur de l'École de Criminologie), qu'a été confié le pilotage de ce processus vital pour le pays.
Lors de l'atelier de lancement, Me. Olivier Mazianda Lusambo a présenté un état des lieux exhaustif de la Politique Nationale d'Assainissement. Son intervention a couvert les définitions de l'assainissement (international et national), la perspective constitutionnelle sur l'accès aux services, le contenu de la politique actuelle, la vision du gouvernement, la situation sur le terrain en RDC, et la nécessité d'une politique nationale conforme aux Objectifs de Développement Durable et intégrant la résilience climatique. Sa présentation s'est conclue par des recommandations concrètes.
Il a également souligné que la politique nationale d'assainissement repose sur une approche de "compétence concurrente et décentralisée". Le Ministère de l'Environnement et Développement Durable est en charge des aspects normatifs (élaboration et suivi des politiques, stratégies et textes réglementaires). Les provinces, quant à elles, sont responsables de l'élaboration des programmes d'assainissement, du financement, de la promotion du secteur et de l'élaboration des plans directeurs provinciaux. Enfin, les Entités Territoriales Décentralisées (villes, communes, secteurs, chefferies) s'occupent des aspects opérationnels et de la réglementation locale, ainsi que du financement et de l'élaboration des plans directeurs locaux.
La politique nationale d'assainissement s'articule autour de six axes fondamentaux : la gestion des eaux usées et excréta, les eaux pluviales, la protection des eaux, les déchets solides, les déchets spéciaux ou dangereux, et le contrôle des vecteurs de maladies.
Ce processus de révision ambitieux devrait s'achever au cours du mois d'août prochain. Avec cette révision stratégique et l'expertise d'acteurs clés comme Me. Olivier Mazianda, la RDC se dote-t-elle enfin des outils nécessaires pour bâtir un avenir plus sain et plus résilient face aux défis environnementaux ? Seul l'avenir nous le dira, mais l'engagement est palpable.
JN